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Le bec ardent était un grand bâtiment biscornu de plusieurs étages dont la salle principale, décorée de voiles pouvait facilement accueillir une centaine de personnes. Aux étages ont pouvait trouver le calme de petits salons privés, mais l'établissement ne se limitait pas à la clientèle des docks, et le dernier étage comprenait un vaste dortoir accessible aux bourses plus modestes. Au centre, entourait par un bar circulaire, le gigantesque crane de l'oiseau roc qui donnait son nom à l'établissement servait de foyer à l'auberge. Un brasero de deux mètres de diamètre était installé dans son bec, irradiant une lumière chaleureuse à travers toute la salle. Un vieux nain à l'allure fier se trouvait derrière le bar.
La clientèle était variée, on y trouvait pèle-mêle des voyageurs de passage, des marins et des dockers, et évidemment une bonne partie de ce que la ville comptait de mercenaires en cette période. L"établissement attirait inévitablement un bon nombre de filles de joie. Le groupe chercha des yeux Milo et son équipage mais ils ne semblaient pas encore être arrivés.

[ Et hop on reprend ici ]

Une fois terminé leurs quelques achats sur le marché de Kenabres et la nuit approchant, les aventuriers se rapprochèrent des docks puants de la ville frontalière. La population avait radicalement changée en cette heure avancée, passant des travailleurs de la journée et des négociants à une faune plus prompt à dégainer les lames ou les poings. Après renseignements pris, ils furent dirigés vers la taverne du Bec Ardent, un lieu de débauche assez fameux sur les docks. Le navire de Milo se trouvait assez proche des lieux.

Le groupe décida après quelques palabres supplémentaires d'aller en finir avec l'affaire Milo. Quittant l'auberge ils passèrent le reste de la journée à faire quelques emplettes qu'ils jugèrent utile pour leur expédition vengeresse puis la nuit approchant se dirigèrent vers les docks.

[ On reprend sur l'interlude 4 ]

La naine hocha la tête en signe de remerciements, « je savais que Werros ne nous abandonnerais pas. Votre venu dans cette ville est probablement de son fait. Alors soit, nous nous pourrons nous retrouver ici même demain matin et si cela vous convient nous mettre en route vers le chien de garde. Je pense que mon ami et moi même allons nous mettre en quête de quelques équipements supplémentaires, il me faut une nouvelle paire de bottes de toute façon. »

Ils se levèrent, elle rajouta, « bonne chance pour votre affaire à régler ! »

La naine se tint un moment silencieuse avant de reprendre.

« Mon maître et ses compagnons avaient décidé de s´en prendre à un bastion démoniaque au nord de la forêt de blantronc. Une région contrôlée par la bande des dagues vertes, des empoisonneurs à ce qui se racontait. Nous avons progressé sans trop de difficulté jusqu´au chien de garde, un fortin construit sur ordre du seigneur de Kenabres pour servir de havre aux caravanes en route vers les comptoirs commerciaux de l'ouest. Des commerçants venus des environs se réunissent dans ces comptoirs et échangent toutes sortes de marchandises avec les Kechs, les plus prisées étant les babioles utilisées par leurs enfants comme jouets.

Toujours est il que nous avons pris d´assaut le bastion des dagues vertes de nuit, les choses se passaient bien jusqu´à ce que le monstre à la peau noire rejoigne ses hommes. J´ai honte de l´avouer mais nous avons fuis comme des lâches. Ils nous ont pisté comme des chiens, nous entendions leurs reniflements dans les buissons juste avant qu´ils n´attaquent. Ils nous ont tué, que dis je massacré un par un, mais moi et mon compagnon avons réussis à nous en sortir en plongeant dans une rivière qui nous a mené jusqu'ici. Mon maître est tombé en affrontant la créature en combat singulier. Depuis je cherche un ou plusieurs guerriers, des âmes bonnes et charitables pour le venger, en plus de la récompense que je peux offrir je sait qu´il
possédait un bouclier magique et qu´il aurait été heureux de l´offrir à son vengeur. »

Avisant le geste d'invitation des quatre compagnons, la naine et son ami se regardèrent un instant avant de se lever, tirant leur table derrière eux et de les rejoindre. L'aubergiste arriva au même moment avec les boissons. La naine semblait être le chef du duo et c'est elle qui se présenta sans attendre. « La bonne journée à vous messires. Je me nomme Arocka Iz des Cornepics et voici mon compagnon Borg de Khromarium. » Elle avala une bonne rasade de sa bière et s'essuya la bouche du dos de la main avant de poursuivre, « Mon compagnon et moi venons juste d´arriver de la forêt de Blantronc, au nord de Kenabres, il y a peu nous faisions encore partie de la compagnie de la hache noire. Nous étions écuyers du sire de Lomaî, un fier chevalier de Mag Mael. Nous nous sommes enfoncés dans ces bois maudits pour vaincre les hordes de démons qui le hantent et attaquent les caravanes le long de la route marchande. Mais nous avons été massacrés, un démon comme je n´en ai jamais vu, à la peau d´ébène et aux yeux rouges nous a traqué, nous sommes les seuls survivants. Peut être connaissez vous quelqu´un qui pourrait venger notre maître, nous ne possédons pas grand chose mais je suis prête à offrir vingt pièces d´or à celui qui tuera ce monstre, pour que justice soit rendu. »

Brankor marcha de façon nonchalante sur les quais, faisant quelques arrêts devant divers étals de bibelots ou marchands de poissons, puis il s'engagea dans une ruelle étroite et sombre où les toits des bâtiments autour de lui se touchaient. Là il attendit quelques minutes. Une porte grinça et il vit la lueur d'une torche se refléter sur une dague mais il ne s'agissait que d'un habitant local, « va crever ailleurs mendiant ! » lui lança une voix d'homme. Brankor grogna et il n'en fallut pas plus pour que ce dernier rentre chez lui. Quelques instants plus tard le barbare vit arriver son ami, ce dernier secoua la tête, aucun pirate n'avait suivi Brankor. Haussant les épaules, ils se mirent en route vers l'auberge de la Lune Bleue.

[ On reprend sur le sujet principal. On reviendra pour la soirée au Bec Ardent ]

Entendant le moine hurler par dessus le brouhaha, c'est le chef de salle qui se chargea lui même des deux aventuriers, il se dirigea vers les cuisines et hurla, « Till, prépares moi quatre tranches de pain de seigle au lard pour ces voyageurs. Et toi snorri deux bières brunes, la plus forte. » demande t'il à son barman. Les invitant de la main, il les mena vers la dernière table encore libre, elle n'était pas très bien située mais au moins ils seraient assis, « commencez par déguster ce petit encas, pour la suite je peux vous proposer deux plats, soit des saucisses de cerf queue du diable trempées dans une saumure de sel et de piment ou un ragoût de haricots épaissi dans un pudding à base de farine de tapioca, mélangé avec du pain rassis. Pour les chambres ça risque d'être plus compliqué je le crains, nous sommes complet en cette période de fête mais dans le pire des cas il reste l'étable. »

Un peu plus loin la prêtresse naine et son compagnon semblaient perdu dans leurs bières, de temps à autres ils jetaient des coups d’œil alentour, semblant jauger les clients qui entraient.

Leur repas venait juste d'arriver lorsque Brankor et Geraf entrèrent dans l'auberge et les rejoignirent à table.

Le temps sembla s'étirer sans fin pour les deux compagnons et il ne semblait pas y avoir grand monde sur ce rafiot. Cependant au moment où le barbare s'apprétait à rejoindre ses compagnons à l'auberge de la Lune Bleue un marin qu'il identifia comme Obert le balafré, le bosco, sorti de sous le pont. Portant une main à sa tête et se frottant les yeux il se dirigea vers le bastingage et vomit pendant un bon moment. Il semblait que la barbare avait raison, l'équipage aimait faire la fête, un peu trop même. Un autre marin le rejoignit peu de temps après. Geraf qui déambulait sur le quai et faisait semblant de s'intéresser aux prises de pécheurs à la ligne les entendit parler de leur soirée prévu à la taverne du Bec Ardent.

L'auberge était déjà comble malgré à cette heure et une folle ambiance régnait à l'intérieur. La grande salle possédait trois grands âtres de cheminée et une bonne dizaine de tables longues flanquées de bancs. Au moins l'aubergiste savait comment recevoir et l'ambiance était conviviale, on ne trouvait pas de tables isolées. N'gozi jeta un coup d'œil alentour pour se faire une idée de la faune qui fréquentait l'établissement. Les membres de deux caravanes marchandes au complet semblaient avoir élu domicile ici et occupaient actuellement six tablées. Un peu à l'écart une prêtresse naine portant le symbole de Werros autour du cou et ce qui semblait être un guerrier sirotaient tranquillement leurs bières en discutant de tout et de rien. Un chef de salle, aux environ de la quarantaine, replet et à la voix forte, dynamisait une armada de trois garçons de salle et quatre serveuses tieflings au rythme des commandes.

Geraf erra un moment sur les docks puants à la recherche des pirates de Milo mais malheureusement il ne connaissait pas assez les hommes du pirate pour les reconnaître facilement malgré les descriptions de Brankor. Le barbare eut un peu plus de chance que le voleur, la colère commençait à monter en lui lorsqu il arriva au bout du port de Kenabres. C'est là sur le ponton de débarquement le plus éloigné qu'il repéra le maudit navire de l'esclavagiste qui avait détruit sa vie. Le barbare faillit bien se jeter seul, hache à la main, à l'assaut du navire mais le temps qu'il avait passé avec ses compagnons de voyage lui avait appris la tempérance, de temps en temps du moins, et il préféra se cacher derrière une montagne de tonneaux pour surveiller les environs. Après une bonne heure sans qu'il se passe quoique se soit il fut rejoint subrepticement par son compagnon qui sorti dont ne sait où.

Machefer et N'gozi laissèrent donc leurs compagnons se rendre sur les docks de Kenabres à la recherche du pirate Milo troizieux. N'gozi parla un moment avec le gamin des rues qui lui sourit de toutes ses dents pointues en voyant les piécettes, « j'm appelle Krazzor seigneur et pour sur que j'connais du monde dans la ville ! Vous cherchez quelqu'un en particulier ou quelque chose ? »