Gloup Gblog Plop... Je me présente, je suis Blaggabool et je vais remplacer notre bon conteur Glabbagool pendant quelques minutes afin qu'il puisse profiter d'un repos bien mérité. Toute cette histoire a été bien éprouvante pour nos héros et je voudrais me concentrer tout particulièrement sur le petit Dridoc.
Le jeune paladin est habitué à subir des blessures physiques et sa résistance hors du commun lui permet de surmonter ce type d'épreuve sans aucune séquelle. Toutefois, cette errance dans les profondeurs de la terre, ansi que la perte de trois de ses amis les plus chers — Sirius, Jacob, et Orion — l'ont profondément meurtri psychologiquement. Vous avez pu vous en rendre compte pendant ce dernier chapitre, notre ami s'est beaucoup remis en question, se lamentait sur son sort, et a développé un fort sentiment de culpabilité vis-à-vis de ce qui est arrivé à ses compagnons. Les échecs de Gwendoline lors de ses tentatives de contact n'arrangent pas les choses.
C'est donc soulagé mais désorienté que Dridoc sort des cavernes pour rejoindre le royaume de la lumière. Les rayons du soleil qui lèchent sa peau lui redonnent la force d'avancer mais on sent bien qu'il est troublé et en proie à une crise intérieure sans précédent. Pendant des semaines, il suit ses compagnons en traînant des pieds, participe peu aux conversations, ne donne pas vraiment son avis. Quel misère de le voir si triste ! Lui qui a toujours une opinion sur tous les sujets, qui insuffle de la vie dans le groupe avec son rire communicatif, ses discussions à bâtons rompus, son sens de la fête, et sa bonne humeur à laquelle personne ne résiste, le voilà réduit à l'état d'invertébré déprimé.
Ses compagnons ont bien essayé de l'aider à surmonter cette épreuve, de le déculpabiliser en lui assurant que Sirion et Jacob avaient fait leurs choix et que le paladin n'était pas responsable, mais rien à faire, cette tête de mule reste enfermé dans un mutisme étonnant. Parfois, on peut l'entendre murmurer dans la nuit, alors qu'il s'adresser aux cieux, ou à lui même.
Que se passe-t-il dans sa tête demandez-vous ? Et bien figurez-vous que tous les symptômes que je viens de décrire ne sont qu'une façade. Bien sûr le malheur causé par la perte de ses deux amis est bien réel mais dessous se cache une véritable remise en question des fondements de son intellect : sa foi. Comme sa déesse, Lliira, qui est si bonne, si tendre, et si bienveillante, a-t-elle pu le laisser subir ces épreuves ? Et dans quel but ? Dridoc aurait compris s'il souffrait pour sauver des innocents, ou pour une cause juste. Mais là, il a du mal à voir l'objectif de sa bienfaitrice et sa foi, si forte pendant toute sa vie, qui l'avait conduit jusqu'ici, commence à s'amenuiser, à s'éroder, à être remise en question.
Comment un paladin peut-il bien survivre à ce type de sentiment ? Très bonne question mes amis ! Comme vous le savez, les serviteurs armés de nos Dieux tirent leur force, leur sagesse et leur volonté de leur foi et sans elle, ils ne sont que de vulgaires mécréants aux capacités physiques inutilisées et risquent de sombrer dans le mal, qui devient alors si attirant pour ces êtres qui ne vivent que pour leur dévotion à une cause. Heureusement, en plus d'être un paladin aux capacités physiques exemplaires, Dridoc est un homme intelligent.
Après quelques semaines d'errance intérieure, un soir, alors que nos héros ont établi un campement dans une forêt et qu'ils s'apprêtent à déguster leur dîner, le paladin s'éclairci la voix en se raclant la gorge et prend la parole. Il leur parle alors de tous les conflits intérieurs desquels il est la proie, et du doute qui l'empare quant à sa foi. Il explique que lors de leur passage à Sissea, ses discussions avec la prêtresse Amauna avaient abordé le sujet des doutes dans la foi. Sur le moment, il n'y avait guère prêté attention, mais ses paroles lui reviennent maintenant à l'esprit et elle lui avait enseigné que lorsqu'un croyant s'éloignait trop de sa mission divine, soit par choix, soit car il y était forcé, la connexion qui le liait à son Dieu pouvait faiblir. Ce lien, un mélange d'état psychique, philosophique et magique, retrouverait toute sa vigueur et toute son intensité si le sujet consacrait toute son énergie à la gloire de la divinité, pendant quelques temps.
Il leur annonce donc que son objectif dorénavant serait d'honorer sa déesse. Si ils veulent partir sur leur chemin et peut-être se retrouver un jour, Dridoc le comprendrait, mais il aimerait que ses compagnons le suive dans sa quête. Quelle quête ? Notre bon paladin avait une idée ambitieuse ! Au fil des discussions qu'il a eu avec les prêtres des temples de Lliira que nos héros ont traversé dans le passé, Dridoc a réussit à localiser une relique sacrée de sa déesse, perdue depuis des millénaires. Cette relique, qui se présente sous la forme d'une
coupe de vin symbolisant la richesse du partage et les bénéfices des festivités, aurait été dérobée lors de la mise à sac de l'ancien temple de la ville de Harthed. Il est dit que Lliira elle même aurait bu dans cet coupe sainte. Dridoc pense qu'elle se trouve actuellement en la possession d'un puissant nécromancien du nom de Mannbeorth, qu'il suspecte de vivre dans les ruines de l'ancienne cité elfique de Lanedhel.
L'ensemble de la compagnie retient son souffle pendant quelques secondes. Lanedhel est une cité bien connue pour sa dangerosité. Depuis que les ombres ont caché la lumières, les elfes ont déserté la cité, qui a alors été envahie par des créatures peu recommendables. On dit que les orcs, gobelin, goules, zombies, et nécrophages y sont parmi les habitant les plus chaleureux et amicaux... Chacun tente alors de jauger les choix qui s'offre à lui. D'un côté, il serait facile de laisser Dridoc effectuer sa quête lui même, mais nos héros pourraient-ils vivre avec eux-mêmes s'ils l'envoyaient seul à sa perte ? Ils pourraient aussi essayer de le convaincre d'abandonner sa mission, mais pourraient-il assumer le fait d'être la barrière se dressant entre le paladin et sa foi ? Le regard de Dridoc, qui brille pour la première fois depuis des semaines d'une lueur d'excitation, finit de les convaincre et chacun accepte de l'accompagner et de l'épauler dans sa mission.
C'est ainsi que le groupe se met en route dès le lever du soleil, prenant la direction de la cité maudite de Lanedhel.
Le trajet se déroule sans embûches. Bien sûr, nos héros rencontrent ça et là des petits groupes de brigands, des petites tribus de gobelins, et des charlatans peu scrupuleux, mais ils parviennent à les mettre en déroute sans grand effort. Il arrivent en vue des ruines au moment où le soleil se couche derrière la cité, leur offrant une des plus belles vues de Lanedhel qu'il soit. En faisant abstraction de l'état des bâtiments, on pourrait presque imaginer les elfes habiter encore cette cité grandiose, pratiquant leurs arts, magiques comme profanes, et observant le monde de leur oeil lointain. Mais lorsque l'obscurité envahi la plaine, la ville se transforme en un lieu terrifiant, répugnant, et intimidant où quiconque ayant un brin de sagesse prendrait ses jambes à son cou pour s'enfuir au plus vite.
Mais Dridoc ne laisse pas le temps à ses compagnons de remettre en question leur choix et d'une voix à la fois séduisante, fanfaronnante, et entraînante, il entonne un chant qui leur redonne à tous le courage. Celui ci parle de la grandeur de Lliira, de la beauté du monde, de l'importance du courage, de l'amitié, et de la nécessité de saupoudrer sa vie d'un brin d'insouciance pour arriver à dépasser ses limites.
Une fois entrés dans la ville, nos héros font face à de nombreuses menaces. Selon les informations récoltées par Dridoc, la demeure de Mannbeorth se trouverait au centre de la ville, près de ce qui était autrefois l'une des plus grande bibliothèque du royaume. Nos héros avancent donc prudemment, tentant d'éviter les ennemis et les combats autant que possible et de se faire discrets mais ne parvenant pas non plus à passer totalement inaperçus. Leurs capacités de combattants, d'orientation, leur moral, et leur amitié sont mis à rude épreuve alors qu'ils progressent doucement vers le centre de la cité. Après plusieurs jours passés à repousser les attaques des nouveaux habitants des lieux, dont la puissance augmente à mesure qu'ils se rapprochent de l'épicentre de la ville, nos amis arrivent enfin en vue de la bibliothèque. Ils pénètrent dans l'édifice, délogent ses habitants maléfiques et perdent quelques minutes à s'émouvoir du carnage intellectuel qui a eu lieu ici. Devant les milliers de livres éventrés, brûlés, déchirés, représentant un retour en arrière de plusieurs siècles pour la connaissance du monde, il est difficile de ne pas sentir son sang bouillir et de ne pas ressentir l'envie d'occire les responsables.
Malgré ce sentiment de haine et de mal-être, Dridoc se sentait revivre depuis quelques jours. Avoir un objectif, combattre des créatures maléfiques, se démener pour son clergé, voilà qui redonnait à Dridoc de l'énergie et soignait peu à peu son esprit meurtri et sa foi vacillante. Dridoc sait que le retour de cette relique bénéficiera de nombreux croyants de Lliira, redonnera de l'énergie au clergé, et permettra probablement une levée de fonds pour aider les plus démunis. Tout ceci lui donne la force de continuer cette aventure, et c'est sans compter sur le soutien solide de ses amis qui, malgré les différences dans leur foi, le suivent contre vents et marées.
Revenons à notre bibliothèque où nos héros de lamentent de l'autodafé et sont prêts à éviscérer les responsables. Leur colère n'est que de courte durée car quelques minutes après qu'ils aient pénétré dans la grande salle centrale de l'édifice, une odeur de putréfaction épouvantable remplit leurs narines. Cette odeur, ils la connaissent bien malheureusement. C'est celle des cadavres putréfiés, tirés de leur sommeil par les pouvoirs d'un mage malfaisant, et il semble qu'un grand nombre d'entre eux se dirige à présent vers nos héros. Soudain, un rire retentit dans la grand bibliothèque toujours vide. Nos héros lèvent les yeux au ciel et aperçoivent sur un balcon un elfe à la peau noire, vêtu d'une grande robe sombre, tachée de sang qui les toise.
Le sang de Dridoc ne fait qu'un tour et il s'élance à toute vitesse vers les escaliers en tirant sa lourde épée à deux mains, bien décidé à faire passer au nécromancien l'envie de rire. C'est à ce moment là que les portes de la salle craquent et qu'une horde de corps défigurés et mutilés pénètre dans la salle et se dirige vers le groupe. Dridoc s'arrête un instant, prêt à revenir sur ses pas pour protéger ses amis mais ceux ci le regardent droit dans les yeux et lui disent de continuer son chemin, de poursuivre sa quête, de la mener à terme et de leur laisser s'occuper de ces monstres. Les yeux de Dridoc se remplissent de larmes quelques instants mais cette fois, ce ne sont pas des larmes de douleur mais des larmes de bonheur, provoquées par l'amour et l'amitié qui remplit son coeur. Il se ressaisit vite et grimpe les marches quatre à quatre, à la poursuite de Mannbeorth qu'il voit disparaître derrière une porte dérobée.
Il s'engage à la suite du nécromancien, accompagné par le son des lames de ses camarades et les explosions de lumière de leurs sorts qui dessinent dans le ciel des étoiles brillantes et apportant une lueur d'espoir dans cette ville maudite. De la bibliothèque, il franchit un pont de pierre aux sculpture magnifiques et arrive dans la demeure du magicien qu'il rattrape peu à peu. Ce dernier s'arrête et lui fait face, un rictus malfaisant sur le visage.
S'engage alors un combat acharné que je ne saurais décrire ici. Les chocs métalliques des lames et des boucliers se mêle aux paroles chantantes des incantations et des prières, créant une symphonie à la fois terrifiante de puissance et réconfortante. Le paladin porte fièrement les couleurs de sa déesse et se voit baigné dans une lumière magique, tandis que le nécromancien, maître des ombres, apporte avec lui les ténèbres. Ces deux personnages, si opposés dans leur manière de voir la vie s'affrontent alors pendant d'interminables minutes, tantôt l'un prenant le dessus, tantôt l'autre, sans qu'aucun des deux ne soit réellement supérieur à l'autre.
Finalement, le magicien, usant de ses pouvoirs néfaste arrive à désarmer Dridoc qui est projeté au sol, son épée tombant quelques mètres plus loin sur le sol de marbre, dans un fracas qui résonna dans toute la maison. Deux goules sorties d'un couloir se jettent alors sur le paladin qui évite leurs morsures de justesse, saisissant la dague à sa ceinture et taillant leur chair, les terrassant en un seul coup. Blessé, il regarde impuissant une troupe d'une vingtaine de zombies qui se ruent sur lui. Dridoc ferme les yeux quelques instants, pensant sa fin arrivée.
Peut-être avait-il été trop ambitieux ? Peut-être sa déesse l'avait-elle vraiment abandonnée ? Peut-être n'était-il pas destiné à la grandeur ? Peut-être aurait-il dû rester dans son petit village de Terre Brune ? Peut-être rejoindrait-il bientôt Donella, Sirion, Jacob, Orius, et tout les autres qui étaient tombés à ses côtés ? Peut-être était-ce la meilleure chose qui pouvait lui arriver ?
Alors qu'il s'attend à ressentir la douleur des blessures et des coups de ses ennemis, Dridoc sent tout à coup une chaleur réconfortante l'entourer. Il ouvre les yeux et ne se trouve plus à Lanedhel. Il est allongé dans un jardin magnifique, couvert de fleurs, de fruits bien mûrs, et de nombreux animaux gambadent autour de lui. Il se relève doucement, tentant de reprendre ses esprits et aperçoit quelques mètres plus loin une jeune femme qui marche dans la direction opposée et disparaît derrière un arbre. Pris d'un sentiment de joie inexplicable, il court vers cette jeune femme mais n'arrive pas à la rattraper. Elle continue à le distancer, cachant son visage et sautillant, se disparaissant derrière un arbre, un roc, dans les hautes herbes... Après quelques minutes de poursuite, Dridoc arrive dans une clairière et aperçoit son épée posée sur le sol. La jeune femme est agenouillée auprès de la lame, se retourne et le regarde droit dans les yeux, sourit, lui adresse un clin d'oeil, et disparaît en se transformant en un nuage de papillons magnifiques. Dridoc est émerveillé, ne pouvant détacher le sourire de ses lèvres et ne pouvant comprendre d'où lui vient ce sentiment de joie immense. Il s'approche doucement de la lame et la saisit délicatement dans la main, puis affirme sa prise et se voit téléporté à nouveau dans la demeure du nécromancien.
Que s'est-il passé ? Il l'ignore, mais il est à nouveau debout, son épée à la main, taillant les corps de ses ennemis, les repoussant peu à peu et s'approchant de plus en plus de Mannbeorth, jusqu'à ce que sa lame pénètre son coeur et que son ennemi tombe au sol, mort. La luminosité de la pièce s'intensifie imperceptiblement lorsque le nécromancien rend son dernier souffle. Dridoc, éreinté et dans un état second, s'engouffre dans la maison jusqu'à trouver une pièce où une coupe étincelante trône sur un piédestal. Il s'approche, s'agenouille, et prend l'artefact dans ses mains. Il ressent alors à nouveau ce sentiment de joie l'envahir et le visage de la jeune femme qu'il avait rencontré dans sa vision traverse à nouveau son esprit.
C'est à cet instant que ses compagnons débarquent dans la pièce, visiblement victorieux de leur combat. Il restent quelques minutes à contempler Dridoc agenouillé et en plein prière puis le paladin se lève et sans un mot, s'avance vers eux, les prend dans ses bras et les étreint comme jamais.
La suite est simple mes enfants ! Nos héros sont sortis de la ville, ont voyagé quelques jours pour remettre la coupe de Lliira à un temple, ont participé aux célébrations organisées en leur honneur, puis ont repris la route en direction de leur prochaine aventure !
Le paladin a retrouvé toute sa foi en sa déesse, a retrouvé sa joie de vivre et il rêve encore, la nuit venue, de la jeune femme qui a guidé sa main, son corps et son esprit jusqu'à la victoire... Qui était-elle ? Personne ne le sait vraiment mais le paladin se plaît à croire que sa déesse, Lliira elle-même, lui est apparue et l'a sauvé...
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J'ai mis à jour ma fiche de personnage avec les changements du niveau en bas de page.
Arnaud, si ça te convient, je commencerai la prochaine mission en ayant lancé
Appel de Destrier. Je ne prépare pas ce sort mais sur tous les jours qui sont passés, je pense qu'on peut considérer que j'ai eu le temps de le préparer, de le lancer, puis d'en préparer un autre à la place
Liens avec les nouveaux personnages
- Avec Ehrina: Dridoc apprécie la petite chasseuse de trésor, et tout particulièrement son côté optimiste qui la pousse à sourire et aller de l'avant quelle que soit la situation. Il a toutefois du mal à comprendre sa cupidité et son goût pour les choses qui brillent, et essaiera de la guider vers de plus nobles objectifs, après tout, elle est si jeune et a tant à apprendre !
- Avec Victor: Le paladin est rempli de méfiance vis-à-vis du sorcier. Il semble que celui-ci veuille se repentir et Dridoc fera son possible pour le ramener vers la lumière mais il a toujours des doutes quant aux intentions réelles du tieffelin et seul l'avenir nous dira si celui-ci est capable de redevenir bon, ce qui déterminera l'attitude de Dridoc à son égard.
Évolution d'une relation
Pendant cette aventure dans les profondeurs de la terre, et avec les nombreuses pertes que le groupe a subi, Gwendoline a été la seule à garder la tête sur les épaules et à renforcer la cohésion du groupe, incluant les nouveaux venus et remontant le moral de ses compagnons. Dridoc l'a trouvée
extrêmement forte psychologiquement et il a beaucoup à apprendre d'elle pour rester optimiste même dans les pires moments.
Enseignement retenu
Les Dieux, aussi bons soient-ils, ne peuvent éviter la douleur et le désespoir de leurs sujets, même les plus fidèles. Parfois la souffrance et l'indécision sont des passages obligés que chacun doit surmonter pour prouver sa foi. Si cette foi est basée sur une abnégation totale et que le paladin est prêt à renoncer à tout ce qui lui est cher pour faire le bien, alors et alors seulement, il sera digne de l'attention des Dieux et de leurs faveurs.