[Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

[D&D 5] Aventure en Dodon - TheBigLizardman (terminée)
Scytale
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par Scytale »

Si, par certains aspects, Aldrich est quelqu'un d'aventureux et de toujours ouvert aux nouveautés et à l'exotisme, par d'autres, c'est aussi un homme simple et bien rentré dans ses mœurs. À sa décharge, toutefois, il prend sérieusement en compte la proposition d'Amra, mais finit par répondre :

« Non, vraiment, je pense que ça le ferait pas pour moi. Je suis vraiment pas attiré par les hommes, tu comprends. » réitère-t-il presque sur le ton de la conversation, soulagé que le Lion n'insiste pas plus que ça pour... eh ben pour la lui mettre, disons les choses simplement. « Je doute pas que ce soit, hum, exceptionnel, et franchement, si t'étais dans mes goûts, j'y réfléchirais pas à deux fois, mais là, ça ferait trop, hum, bizarre. »

Le terme n'est pas vraiment adéquat, mais après tout, malgré son bagout, le Nordique n'a jamais été un grand orateur ni doté d'un vocabulaire très approfondi. Cependant, tout en parlant, il repense à sa rencontre avec Somnos, et notamment à la faculté que ce dernier avait de changer de forme aussi aisément qu'on ôte ou remet un vêtement. Il se demande si...

Bah, ça coûte rien de demander hein.

« Cela dit, tu saurais pas par hasard, heu, changer de forme ? Si t'y tiens, ça... résoudrait le problème, si tu me suis. »
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par TheBigLizardman »

Amra écoute calmement tes explications, jusqu'au moment où tu évoques le changement de forme. C'est alors que le mouvement vient finalement prendre le corps de l'homme, qui se redresse magistralement. Droit, les muscles tendus, il est encore plus imposant. C'est le caractère même de son corps qui le rend fascinant. Sans prendre des proportions démentielles, de sa simple stature et carrure, qui bien que remarquables, restent parfaitement humaines, il captive le regard comme s'il était une montagne, bien plus encore que Somnos, qui lui pourtant en avait plus les proportions.
Il sourit finalement:

« Si ce n'est que cela, je ne vois pas d'inconvénient. »

Et sur ces mots, son corps commence à se métamorphoser. Contrairement à Somnos, dont le passage du corps humain de Natha à son enveloppe reptilienne n'avait pris qu'une fraction de seconde, et avait été immédiate, comme si les deux corps s'étaient échangés, la transformation d'Amra elle, bien que rapide, laisse voir une réelle transformation du corps, avec un mouvement brutal des os, des cartilages, de la masse musculaire et de la pilosité. En une dizaine de secondes, ce n'est plus un homme magistral qui se tient devant toi, mais un lion magistral, souverain et sensationnel.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par Scytale »

Ne sachant à quoi s'attendre lorsque Amra se redresse, Aldrich le fixe avec un mélange de fascination et de méfiance, campé sur ses positions. Craignant d'avoir offensé le divin avec une suggestion qu'il pourrait avoir jugée impertinente, il s'attend à moitié à ce qu'il se jette sur lui, lassé de ses contrariétés et de ses atermoiements. Mais il semble qu'il n'en soit rien, à en juger par le sourire aussi unique qu'inattendu qui se dessine sur le géant... mais qui laisse tout de même le Nordique sur la défensive. Qui sait ce que ce gaillard a en tête ? Mais il n'a alors qu'à peine le temps d'enregistrer les propos de son interlocuteur que ce dernier... change.

Happé par le spectacle qui s'offre à lui, le baroudeur fixe la transformation bouche bée, à la fois captivé et tétanisé par cette métamorphose qui donne l'impression que le bonhomme est en train de s'effondrer sur lui-même, de se réduire à une masse organique secouée de soubresauts d'agonie. Pris de court par une vision pareille, notre homme sent son estomac se retourner, et il doit faire un effort conscient pour ne pas se laisser envahir par la nausée. Bien entendu, de la tripe, du sang, des os et des boyaux, il en a vus plusieurs fois dans sa vie, mais là... le caractère viscéral de cette transmutation a quelque chose de profondément dérangeant et choquant qui le laisse figé de stupeur.

Cependant, défiant jusqu'au bout les lois de la nature, le Lion, loin de perdre toute cohérence corporelle et de se désagréger, reprend une forme solide et devient... eh bien un lion. Aldrich n'a jamais connu de lions que par le biais de récits ou de quelques illustrations, et il va sans dire que le spécimen qui se présente devant lui ne souffre aucune comparaison avec les représentations maladroites auxquelles il a eu droit. L'apparence est bien différente, mais l'attitude est sans équivoque : c'est bien le même individu qui se tient face à lui, toujours aussi régalien et écrasant de majesté, quand bien même son aspect a changé.

Le corps parcouru de frissons ahuris, la bouche sèche d'ébahissement, le Nordique met bien quelques secondes à retrouver un semblant de lucidité et à articuler bêtement :

« C'est... impressionnant. » finit-il par lâcher platement, son érudition limitant bougrement la diversité et l'ampleur de son parler. « Mais c'est... hum... pas vraiment ce que je voulais dire. J'ai pas... d'attirance pour les hommes, et, heu, pour... les animaux... encore moins. »

Il n'en revient pas d'avoir une conversation pareille. Si Amra n'avait pas l'air aussi sérieux et à fond dans son truc, il pourrait croire qu'il fait exprès de l'embarrasser et de le contrarier. L'incongruité de la situation forme un tel contraste avec la splendeur de l'être qui se tient face à lui que le grand blond est comme deux ronds de flan, bien en peine de savoir ce qu'il pourrait bien dire ou faire.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par TheBigLizardman »

Tu apercevrais presque sur le lion un air contrarié. Et, de façon surprenante, cette forme ne l'empêche nullement de parler. Sa gueule s'entrouvre et bouge légèrement, mais cela semble plus relever du réflexe physique. En effet, ce n'est pas le corps charnel du fauve qui émet la voix en soi. Tu as déjà pu constater ce phénomène récemment, sur certains spécimens de chouettes blanches notamment. Amra continue donc, et lui qui avait été concis jusque là se permet une réflexion pertinente, qui relèverait... Plutôt de la philosophie, peut-on imaginer:

« J'ai du mal à te saisir Aldrich. Quelle nuance fais-tu entres les animaux, et les hommes? Considères-tu comme animal les êtres qui ne sont point en mesure de parler? En opposition aux êtres comme les hommes, les elfes ou moi-même? Car dans ce cas-là, tu me vois toujours capable de communiquer, autant sous ma forme précédente que sous celle-ci; et des deux, je ne saurais distinguer laquelle est la plus animale. »

Amra semble s'interroger réellement sur les pensées de son interlocuteur. Il ne semble pas être le genre d'être à s'amuser de l'embarras d'un individu, et bien plus de celui qui n'attends qu'une réponse précise et intelligible.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par Scytale »

Il apparaît assez clair que si Aldrich veut continuer cette conversation sans avoir la théière qui surchauffe, il va falloir qu'il cesse de faire appel au bon sens. Il n'y a pas si longtemps, absolument personne n'aurait remis en question la différence entre un animal et un humain... bon, à part peut-être quelques originaux, mais ça ne compte pas. Et voilà maintenant qu'il se retrouve à débattre du sujet avec un lion... qui est un dieu (ou quelque chose du genre, en tout cas)... qui avait forme humaine il n'y a même pas une minute. Lui qui croyait s'attendre à tout, le voilà qui se retrouve encore une fois pris au dépourvu ! Eh bien soit. Notre ami n'est peut-être pas un grand penseur, mais il n'est pas idiot non plus.

Reprenant une contenance plus assurée et se lissant machinalement la barbe comme il le fait chaque fois qu'il réfléchit ou simplement que ses mains sont oisives, il finit par répondre :

« T'as bon dos de dire ça. Toi, t'es un cas particulier. D'accord, tu peux prendre la forme d'un lion, mais t'es pas ordinaire. Et là, t'es pas un lion ordinaire. Si je vais voir un lion normal, je pourrai essayer de lui parler, mais il me comprendra pas et il me répondra pas. C'est une question... d'intelligence. D'accord, je peux me familiariser avec le comportement d'un cheval. Je pourrai communiquer de façon limitée avec lui et vice versa, mais je pourrai jamais avoir une conversation avec lui. Et il va jamais penser à des trucs très... développés. » Repensant au sujet qu'ils viennent d'évoquer, il reprend en s'efforçant de ne pas perdre son aplomb. « Je coucherais pas avec un animal parce que... ben on se comprendrait pas. Ce serait mal foutu. Y aurait pas de... de relation. Et quand bien même tu me parles et tout, y a la même impression qui reste. C'est perturbant. » Chiche d'aller au bout du sujet, il conclut. « Et pour les hommes, bah c'est une question de goût. Tu dois bien comprendre : par exemple, je pourrais aimer telle nourriture et toi non. Ou bien alors... je sais pas, trouver une fleur laide alors que toi tu la trouveras belle. Chacun son truc, quoi. Et moi, je suis pas intéressé par les hommes. Tu saisis ? »

Aldrich n'est certes pas aussi magnétique qu'Amra ou aussi adroit dans ses propos, mais il s'exprime en tout cas avec franchise, et raisonne avec justesse... du moins lui semble-t-il.

Cependant, un soupçon point dans son esprit : cette explication qu'il vient de fournir au sujet de la différence entre les animaux et les humains, est-ce que le Lion ne pourrait pas la retourner contre lui ? Après tout, lui comme Somnos ne sont-ils pas des formes de vie supérieures ? En cela, ne sont-ils pas aux humains ce que les humains sont aux animaux ? Si c'est le cas, on pourrait arguer que le baroudeur n'a pas de raison objective de se dédire des animaux, puisque ces êtres divins ne se dédisent pas des humains... encore que le dragon avait l'air de faire preuve à l'égard des hommes d'un détachement qui n'aurait rien à envier à celui d'un fermier envoyant des cochons à l'abattoir sans en concevoir le moindre remord.

À voir. En attendant, il a dit ce qu'il avait à dire, et la balle est maintenant dans le camp de son interlocuteur.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par TheBigLizardman »

Reprenant un espèce de stoïcisme sous sa forme animale, Amra continue à t'écouter, pour confirmer:

« Je saisis. Mais je ne vois pas quelle forme prendre dans ce cas-là. »

Et, sur ces mots, comme abandonnant son projet de métamorphose, il revient à sa forme "humaine", qui malgré sa superbe affiche une moue insatisfaite.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par Scytale »

Lui qui s'attendait à se plonger dans un grand débat, comme ça s'est passé avec Somnos et Na, le voilà qui se retrouve face à un acquiescement parfaitement dénué de contestation. Comme devant Théodoric qui avait accepté sans rechigner de faire un détour par la colline, il se retrouve presque contrarié d'être ainsi coupé dans son élan.

Silencieusement, et encore une fois non sans ciller, il regarde le Lion reprendre forme humaine en une métamorphose toujours aussi perturbante.

Je me demande ce que ça doit faire comme impression un truc pareil. Ça a pas l'air agréable en tout cas.

Un brin penaud, Aldrich réfléchit dans le silence qui s'est de nouveau installé, avec l'impression d'avoir été fort discourtois, impression renforcée par le magnétisme qu'Amra continue d'exsuder et qui lui donne en comparaison l'impression d'avoir été un fort grossier personnage. Rassemblant ses pensées, il prend comme parti de s'exprimer avec honnêteté et relance la conversation :

« Franchement, je t'admire et je serais honoré de partager ta compagnie. C'est juste que cette proposition que tu me fais... ça me prend de court ! Si tu vois une autre façon de... heu... de communier, ça m'arrangerait. »

Toutefois, continuant de débattre la question en son for intérieur, il finit par parvenir à l'idée que... bah hein, pourquoi pas ? Après tout, en bon baroudeur, il s'est toujours targué d'avoir l'esprit ouvert, et il est certainement puéril de sa part de rejeter cette expérience qui lui est proposée comme un puceau coincé. Si jamais la tentative ne lui convient pas, il sera fixé sur la question, et si au contraire elle est en fin de compte à son goût, il ne pourra que se féliciter de cette découverte. Et quand bien même il concevrait une quelconque honte à s'adonner à la bougrerie, ce n'est pas comme si la nouvelle allait se répandre aux quatre coins de Dodon et qu'il allait en être marqué au vu et au su de tous.

Et puis on dit bien : "Au Khal Sajar, fais comme les Sajarites." ; "Il ne faut jamais dire 'Fontaine, je ne boirai pas de ton eau.'" ; "Y a que les imbéciles qui changent pas d'avis."... Tout ça tout ça.

Étant parvenu à cette conclusion, il hoche la tête pour lui-même et se décide :

« Cela dit, après mûre réflexion, si c'est quelque chose d'important pour toi, soit. Je vais pas rejeter l'hospitalité d'un semblable. Si t'es toujours d'accord pour me donner ta bénédiction, je l'accepte. » affirme-t-il.
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Re: [Chapitre Aldrich] Rien ne sert de courir

Message par TheBigLizardman »

Amra semble pensif en t'écoutant, et finalement comme s'il avait une révélation, affirme:

« J'ai compris. Tu aimes les femmes. Je n'y avais pas pensé. Libre à toi, après tout, certaines sont fortes et viriles. Mais je ne vais pas en prendre la forme. Même si je le désirais, je ne saurais pas m'y prendre, je suis mâle, et ne peux me projeter autrement. »

Puis ignorant totalement le reste de ton discours, et même ton possible accord à sa proposition, il se tourne vers l'horizon, dont le ciel semble dans un couchant perpétuel.

« Viens. Cours avec moi. »

Courir n'est pas idéal pour une petite discussion, mais il s'avère que c'est loin d'être l'attention d'Amra. Au moins, Aldrich aura la réponse à sa question. La transformation est rapide, et sans douleur. À vrai dire, c'est semblable à la sensation ressentie lors de l'étirement calme d'un muscle, à l'exception que la sensation est diffuse dans le corps entier. Vous courez côte à côte vers le couchant, sous votre forme féline, et ce durant des minutes, ou des jours peut-être. À vrai dire la sensation du temps est trouble ici.

Puis finalement, vous vous enfoncez dans le couchant, comme dans une mélasse jaune et chaude, jusqu'à ce que la lumière englobe de nouveau le corps du voyageur.
Verrouillé