[Chapitre Arthur] Ignorance

[TheBigLizardman]

L'oblat semble agréablement surpris par ta réponse: « Nul besoin de t'excuser. » Quelque chose, dans le ton ou dans la voix même de ton interlocuteur change: « Si tu me permets de légèrement déformer ton texte, tu exprimes que tu es prêt à dévouer ta vie à concevoir un meilleur futur pour le monde et le peuple des hommes, à travers l'apprentissage par ceux-ci de la vérité, et le rejet de la partie néfaste de leur nature? » Il ferme les yeux quelques secondes pour les rouvrir d'un rouge profond, fendus par de larges pupilles noires. « Car vois-tu, c'est également mon objectif. »

[Antoine]

En un mot, Arthur est horrifié. Il bondit en arrière, renverse sa chaise, et se tient en alerte, genoux fléchis, poings à hauteur d'épaules, à 1,50 mètres du bureau de l'oblat. Arthur est incapable de savoir ce que vient de dire l'homme qui se tient en face de lui. Mais Baudoin est-il vraiment un homme ? « Qu'est-ce donc que ceci ? Qui êtes-vous ? »

[TheBigLizardman]

Tout en gardant son plus grand calme: « Je pense que tu le sais pertinemment Arthur Sikhil. » Puis, enchainant sans prendre plus de temps pour te calmer: « Sais-tu ce qu'est un vecteur de changement Arthur? »

[Antoine]

Le parole de la créature qui font face à Arthur résonnent en lui comme une menace. Vecteur de changement ?Arthur reste sur ces gardes, mais estime qu'il est futile d'aller chercher un autre frère des Véritables. Personne ne le croira, si tant est que la créature dissimulée sous les traits de l'oblat Baudoin le laisse quitter la pièce. Arthur répète les derniers mots que le saint homme qui ne l'est plus du tout à ses yeux « Vecteur de changement ? Ce qui amène des bouleversements. » Sceptique, craintif presque, Arthur propose sa plus terrible idée « La guerre, la destruction. Les bouleversements sont tels que la société se modifie radicalement afin de pouvoir survivre. Est-ce à la guerre et à la destruction que vous pensez, oblat Baudoin ? … Dois-je encore vous appeler seulement ainsi ? »

[TheBigLizardman]

A ta remarque sur l’appellation que tu utilise pour le dénommer, il te répond franchement: « Je pense que ce n'est plus la peine non. » Mais il revient rapidement sur le sujet important: « Vois-tu, toi comme moi, nous essayons de rétablir un certain équilibre dans le monde, dans l'ordre des choses. » dit-il en posant de nouveau un poids sur la balance qui penche d'un côté. « Mais si le système actuel des hommes, à l'image de cette balance, ne pouvait être équilibré? » Il pose la main sur le point central de la balance. « Dans ce cas, il faut changer le système même pour pouvoir le rééquilibrer. » Sa main commence à fumer, le point central de la balance bascule, et la partie supérieure de la balance, avec les plateaux, tombe au sol. « Dis-moi Arthur, maintenant que j'ai brisé le système, comment sont les plateaux? »

[Antoine]

Les yeux d'Arthur s'écarquillent et il fait un pas de plus en arrière, ne lâchant pas des yeux le monstre qui lui fait face. « Peut-on encore parler de plateaux si nous disposons plus de balance ? Vous voulez détruire la société, comme vous avez détruit la balance. Du chaos qui en résultera, seuls les plus forts survivront et vous aurez détruit tous les bienfaits de la civilisation… Pouvez-vous véritablement parler d'équilibre ? » Comment va se finir cette confrontation ? « Pourquoi m'avez-vous choisi, être perfide ? »

[TheBigLizardman]

Ton interlocuteur semble légèrement déçu de ta réponse, mais toujours en gardant le plus grand calme: « Peut-on parler d'équilibre? Pour le peuple des hommes en lui-même, je ne sais pas. Je ne vous connais pas assez pour cela. Mais pour le monde qui lui est en sérieux déséquilibre, je pense que oui. Vois tu, il y a un cycle naturel, éternel, et universel qui régit le monde. Tout en fait partie, la mort, la vie, la création, la destruction, les êtres vivants, le climat, la terre même. Toutes les créatures vivantes ont conscience de ce cycle, et l'acceptent. Sauf les hommes. Qui luttent inexorablement contre la fin du cycle, la mort. Cela peut te paraître sombre, mais le cycle doit se terminer pour qu'il puisse recommencer. S'il ne finit jamais, il est voué à être déséquilibré. C'est pour cela que j'ai été appelé. Pour permettre au cycle de commencer une nouvelle boucle. Je ne t'ai pas choisis. Le cycle même t'a choisi, comme il m'a choisi il y a des millénaires de cela. Il m'a destiné à la destruction, que l'on pourrait associer à la fin du cycle. Je ne sais en revanche pas à quoi le cycle t'a destiné. Tu devras le découvrir par toi-même. Mais le cycle n'impose jamais rien. Tu as le choix d'endosser la fonction qu'il t'a attribué, ou de vivre ta vie comme si de rien n'était, bien que tu saches désormais que ce n'est pas le cas. »

[Antoine]

« Si vous faites partie du cycle, comme vous le prétendez, comment pouvez vous savoir tout cela ? Comment pouvez vous voir le cycle alors que vous êtes dedans ?
L'homme a sa place dans le monde. Des régions entières restent indomptées, notre monde connu ne possède qu'un seul continent, mais des rumeurs font état d'autres vastes terres, au delà de l'océan. Les forêts sauvages peuplées par les elfes, les montagnes vertigineuses, creusées par les nains, toutes les civilisations, toutes les sociétés, vivent dans leur environnement et ne perturbent pas la fonctionnement du monde. »
Arthur s'arrête un instant, car il se rend compte que son argumentaire est sans doute vain.
« J'ai des questions. Pourquoi cette question sur les dieux ? Êtes-vous l'avatar d'un dieu distinct de la Trinité ? Et aussi, pourquoi ce déguisement, ici, pourquoi l'oblat ? Vous avez dû apprendre les intentions des Véritables. Nous méditions sur la nature de l'homme, sur les moyens de trouver l'équilibre. Vous auriez pu équilibrer votre balance si vous aviez regardé les poids que vous aviez déposés. En connaissant les poids, vous auriez pu trouver l'équilibre. Vous vous fichez du cycle, tout ce que vous cherchez, c'est la destruction. »
Abreuvé de ses propre paroles, Arthur enrage et ne peut plus se retenir : il saute sur l'oblat pour le mettre à terre.

[TheBigLizardman]

Il t'écoute calmement, et reste stoïque lorsque tu le plaques à terre: « Je le perçois. Il s'avère que justement, car nous faisons partie intégrante du cycle, nous avons tous conscience de celui-ci. Que ce soit les dragons, les elfes, les autres ou les lapins. Le cycle est un tout. Vous les hommes, vous ne semblez pas le percevoir intérieurement. Malheureusement, je ne peux te prouver que je le ressens. Je ne peux te communiquer mes sensations. »
D'un ton sincèrement désolé: « Je comprends ton appréhension. J'aurais aimé que les hommes puissent le sentir. Crois-moi que je ne ressens aucun plaisir à tuer ou à détruire. C'est simplement ce pour quoi le cycle m'a destiné. J'ai fait le choix de ne pas aller contre. Le cycle régit l'ordre des choses. Les miens ont disparus car ils ont acceptés la fatalité du cycle. J'aurais préféré qu'ils subsistent. Mais ma douleur importe peu par rapport à l'équilibre du cycle. L'abnégation est une valeur noble. Je pense que tu la possèdes autant que moi, et que tu comprendras. Je ne peux que t'inviter à ressentir le cycle, car bien que les hommes n'en aient pas conscience, ils en font tous partis.
Crois-le ou non, mais c'est toi qui a choisit mes traits, je n'apprécie pas spécialement te piéger en me faisant passer pour l'oblat. J'aime juste apprendre, et je n'avais jamais été un oblat. Pour ce qui est de ma nature, je ne suis pas un dieu selon mes critères. Car bien qu'exceptionnel parmi les miens, je reste une créature vivante et mortelle comme les autres. Mais les elfes et les autres ont pu me considérer comme un dieu, bien que je ne pense pas qu'ils en fasse la même définition que toi. Oui, je suis extérieur à la trinité. Je connais beaucoup de créatures qui sont considérés comme des dieux par les elfes et les autres. Mais je n'ai jamais rencontré ceux que tu vénères Arthur, je doute même de leur existence. »

[Antoine]

« Si vous êtes une créature vivante et mortelle et que vous êtes l'instrument de notre destruction, alors, je vous neutraliserai. » Les mots qui sortent de la bouche d'Arthur sont hurlés. Le moine appuie plus fort encore de son avant-bras sur la gorge du faux oblat. L'intention d'Arthur, fou de rage, est de tuer cet homme démoniaque. Arthur ne sait même plus pourquoi il s'en prend à l'homme. Il sait qu'il veut le tuer, le faire taire. Les propos tenus, mais plus encore le fait d'avoir dupé tout le monastère en se faisant passer pour un oblat met Arthur hors de lui. Il ne se contrôle plus.
« Taisez-vous, taisez vous, envoyé des enfers ! »

[TheBigLizardman]

Le dragon maintient parfaitement son calme face à ta réaction, mais alors qu'il devrait avoir le souffle coupé sous la pression exercée, il te répond: « Je ne peux te contraindre. Personne ne le peux. Je ne fait que t'inviter à ouvrir les yeux. »Soudain, ton bras s'enfonce anormalement profondément jusqu'à toucher le sol. Le corps entier de l'oblat se liquéfie sous toi. Au même titre que les murs de la pièce qui commencent à se désagréger mollement.

[Antoine]

« oh ! » est la seule chose qu'Arthur trouve à dire alors qu'il se retrouve à plat ventre au sol. Le sol lui-même n'a plus la même consistance. Le moine a l'impression d'être allongé sur un matelas. Il se redresse avec prudence, les muscles bandés, prêt à bondir. Les murs se tordent, et Arthur lève la tête lorsqu'il reçoit sur la tête des gouttes de plafond . Arthur jette un dernier coup d'œil sur le bureau qui commence à tanguer sur le sol mouvant avant de se précipiter vers la porte afin d'éviter lui même de se trouver au cœur du bouillon qui risque de l'engloutir.