Asha répond à la question d'Edgar en prétendant que Damien est encore vivant. Edgar se tourne aussitôt vers Diane.
« En vie ! Il est en vie Ahahahah » Edgar manque de s'étouffer dans son rire alors que le dernier fragment de raison qui l'habitait s'éteint.
« Vous voyez crénom de barrique ! C'est notre Lazare ! Et il possède des pouvoirs qui nous dépassent ! Il peut nous sauver ! Nous ressuciter ! Par ma barbe c'est ce que nous souhaitions tous ! » Le fossoyeur se tourne les yeux exorbités vers Diane, de la bave rougeâtre coulant de sa bouche le long des poils de son menton.
« Diane regarde moi. Regarde moi je te dis ! » Il prend la tête de la jeune femme entre ses énormes paluches.
« Je suis mort déjà deux fois ... » Il hoche la tête pour appuyer ses dires.
« Et deux fois je suis revenu... Lazare peut te ramener d'outre tombe... C'est un saint homme, crois moi. Et revivre n'est pas douloureux, pas le moins du monde. Regarde moi ça, à peine une cicatrice. Aies confiance en lui ! »
Asha sépare Edgar de Diane avant de le gifler pour le ramener à la raison.
Perdu, Edgar s’agenouille auprès de Damien et inspecte le corps du villageois... pour réaliser qu'il est mort.
« Mort ? Mort... » Edgar pose ses lourdes battoires sur le thorax sans vie de Damien.
« Non... Ça ne se peut... Misère non ! » Il tourne son visage vers Lazare
« Aide-le mon père... aide le... Aide-le ! » poussant un rugissement où se mêlent folie, colère et détresse
« AIDE-LE ! Misérable assassin aide-le ! ORDURE ! Sale pendard ! Adorateur du démon ! Parjure ! Sauve-le espèce de traître ! Tu nous as trahi ! Menteur ! » Edgar sort son opinel.
« Tu mérites de rôtir dans les flammes de l'enfer ! »
« Bon, ça suffit maintenant ! Vos jérémiades me fatiguent ! »
Lazare tend le bras en direction de Diane. Sans une hésitation, Thibalde et Edgar abattent aussitôt leurs armes sur le bras tendu devant eux. Le couteau d'Edgar manque sa cible mais le marteau de Thibalde produit un craquement sinistre en heurtant le bras de Lazare.
« IMBÉCILE ! » hurle Lazare d'une voix rocailleuse, alors que son bras vient vraisemblablement d'être brisé.
« Je voulais vous débarrasser de vos états d'âme en renvoyant Diane de l'autre côté, mais puisque vous vous y opposez, et que, comme l'a bien vu Asha, j'ai besoin de vous, vous ne me laissez pas le choix. »
Interloqués par la résistance du grand prêtre, que le coup aurait du faire plier sous la douleur, Edgar et Thibalde hésitent une seconde avant d'attaquer de nouveau. Willibert s'apprête à frapper à son tour quand la brume verte qui entourait le corps de Lazare s'agite et se dissipe pour révéler la véritable apparence du grand prêtre.
« Bien... entrons dans le vif du sujet... »
La vision soudaine de ce cadavre agitant sa mâchoire pour s'adresser au groupe jette l'effroi dans les rangs des villageois. Thibalde est la seule à garder assez de sang froid pour ne pas lâcher ce qu'elle tient. Ses mains se crispent sur son marteau mais elle aussi recule, effrayée. Diane s'est effondrée, les cheveux devenus blancs, et les yeux figés, grands ouverts. Ehvok regarde ses compagnons sans parvenir à se rappeler qui sont ces individus, ou ce qu'il fait ici en présence d'un cadavre debout. Asha jette des regards terrifiés autour d'elle, et arrive difficilement à cesser de grelotter.
« Dommage pour Diane. Mais l'ange ne l'aurait sans doute pas épargnée si je l'avais renvoyée. Ce n'est pas, pas tout à fait, de votre faute, si elle est morte, Thibalde. »
Personne n'est en mesure de réagir tant la peur tétanise le groupe, exception faite de Thibalde qui, à vraie dire, n'en mène pas large non plus.
« Je vois que vous êtes tous plus disposés à m'écouter maintenant...
Je n'ai rien à voir avec les plans d'Adria, qui était une servante de Diablo. Intelligente... bien plus que je ne l'imaginais, je dois l'avouer. Elle a bien mené sa barque, jusqu'à utiliser Aidan pour libérer le pouvoir de son maître.
Mais pas assez intelligente pour comprendre d'elle même tout ce que des années de recherche m'ont permis de réaliser.
Les horadrims ont emprisonné ici le seigneur de la terreur en enfermant son essence dans une pierre d'âme elle même scellée dans le corps de l'un des leurs. L'ange que vous avez vue à côté montre à quel point les horadrims n'étaient pas regardants sur la façon dont ils protégeaient leurs sanctuaires. Retenir un ange dans un tissu d'illusions et de sortilèges pour en faire la gardienne de leur temple : voilà qui en dit long sur les horadrims... et les rendrait presque sympathiques même aux yeux des démonistes. »
Le bras brisé de Lazare se rétablit dans un claquement sec.
« Quand j'ai réalisé qu'Emrakul approchait, j'ai tout d'abord cherché à voir comment mon seigneur, Belial, pourrait vaincre cette entité avant qu'elle ne détruise le monde qui lui revenait. Puis j'ai compris que la puissance d'Emrakul était telle que personne, ange ou démon, ne pourrait s'opposer à elle par la force ou la ruse. Emrakul est semblable à une bête sauvage, une force de la nature qu'on ne peut duper ni combattre à armes égales. Rien, en réalité, ne peut s'opposer à Elle.
Alors j'ai cherché... cherché jusqu'à remettre en cause ma propre croyance. Et j'ai trouvé. Quand j'ai annoncé à mes confrères que seule la peur, cet instinct primaire, pouvait affecter l'entité, ils n'ont rien voulu entendre. Ils se sont même méfiés de moi. J'ai du renoncé à leur aide. J'étais seul. Prêtre de Belial désirant m'accaparer les pouvoirs de Diablo. Plus j'y pensais, plus cela me semblait... logique ! » La façon dont Lazare détache les syllabes de ce dernier mot donne à son discours des accents de folie.
« Un prêtre du seigneur de la tromperie qui détourne les pouvoirs d'un autre seigneur démon ! Il ne me restait plus qu'à trouver un moyen d'exploiter les pouvoirs de Diablo pour repousser Emrakul. Après quoi, j'aurais pu les utiliser à de toutes autres fins... Mais Diablo était trop bien scellé dans le corps de l'horadrim, et la pierre d'âme n'aurait jamais pu s’accommoder du corps du démoniste que j'étais.
Je me suis alors mis à la recherche d'un réceptacle sain, une âme que je puisse manipuler à ma guise. Quand Albrecht s'est présenté à Tristram pour se recueillir sur la tombe de son père, j'ai tout de suite senti qu'il était le candidat idéal. Robuste, jeune, influençable. Je l'ai drogué, enfermé dans ces sous terrains, et j'ai commencé à transférer l'essence de la pierre d'âme vers son corps, en attendant de transférer la pierre elle même. Des démons sont apparus au cours de ces expériences, mais les séides de Diablo ont vite compris que, tout prêtre de Belial que j'étais, j’œuvrais à libérer leur maître. Du moins, à ma façon.
Je touchais presque au but quand Aidan est apparu avec sa troupe. Le temps jouais contre moi : je me suis précipité dans les sous terrains en espérant achever le rituel à temps. Aidan m'a trouvé alors que son frère venait de recevoir la pierre d'âme. Avant que cette maudite guerrière ne me tue, j'ai pu voir la pierre se briser sur le front d'Albrecht. Finalement, il n'avait pas été capable d'en supporter la puissance.
J'aurais du me réjouir : Diablo, un concurrent sérieux du grand Belial, venait d'être définitivement expulsé de notre monde. Pourtant, je savais que cela condamnait notre monde.
»
Lazare considère le groupe qui lui fait face. Le silence qui règne est autant le fait de la peur que de la sidération dans laquelle ses propos plonge les villageois.
« C'est là que vous entrez en scène. Grâce à l'amulette que porte encore Edgar, j'ai pu observer la suite des événements et j'ai vu Adria quitter le village. J'ai vu, aussi, un morceau de la pierre d'âme briller derrière la couronne improvisée de notre nouveau roi Aidan. La sorcière doit penser que ce morceau suffira à ranimer l'essence de Diablo. Elle envisage évidemment de faire croître le pouvoir de la pierre afin de manipuler plus facilement le roi.
Vous êtes cinq et ce n'est pas un hasard : il reste cinq morceaux de pierres d'âme. je les ai retrouvés et regroupés ici même. » Il tend son sceptre, où luisent plusieurs fragments de pierres. Cinq, pour être précis.
« Maintenant que je suis mort, je peux encore moins que de mon vivant, servir de réceptacle. De toutes manières, ma part d'ombre est trop grande : les horadrims étaient prévoyants et ils se sont assurés que ces artefacts ne prendraient pas racine sur des démonistes.
Voilà ce que vous avez à faire : prendre chacun un de ces fragments, vous l'enfoncer profondément dans le crâne, et partir à la recherche du fragment manquant. Quand ceci sera fait, vous prierez pour libérer l'essence de Diablo avant qu'Emrakul ne pénètre dans Sanctuaire. Si comme je le pense la peur est la seule arme qui puisse repousser cette entité, vous aurez ainsi sauvé ce monde. N'est-ce pas ce que vous espérez tous ? »
Lazare n'a pas tout dit, mais il en a dit assez pour que chacun comprenne dans les grandes lignes l'alternative qu'il laisse aux villageois. Il tend son sceptre afin de laisser ceux qui le souhaitent saisir un fragment.
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FOLIES :
ASHA : le personnage souffre de paranoïa sévère. Cela lui vaut le désavantage aux jets de Sagesse et de Charisme. Cet effet durera 80 heures.
EHVOK : le joueur souffre d'amnésie partielle. Il se souvient de qui il est, mais pas des personnes présentes autour de lui, qu'il ne reconnaît plus. Il ne se souvient d'aucun événement précédant l'instant où cette amnésie l'a frappé. Cet effet durera 20 heures.
